II - Des larmes dues à des irritations

A - Une agression infectieuse : la conjonctivite


Le terme conjonctivite désigne une inflammation de la membrane qui recouvre la face antérieure de l'oeil et l'intérieur des paupières : la conjonctive. C'est une agression qui se fait "en surface" puisque la cornée n'est pas touchée. Dans le cas contraire, on parlera de kérato-conjonctivite.
La conjonctive sert de protection à l'oeil et empêche les corps étrangers de pénétrer derrière l'oeil. Sa principale fonction reste tout de même de sécréter un mucus lubrifiant prévenant le dessèchement de l'oeil.


Attention, les photos ci-dessous peuvent retourner l'estomac des âmes sensibles... (et oui, une conjonctivite n'est jamais très jolie !)

La conjonctivite est une infection qui apparaît sous différentes formes : 

  • la conjonctivite allergique : elle débute généralement au printemps et atteint le plus souvent les deux yeux. Elle correspond à un allergène précis comme le pollen, les poils d'animaux ou les acariens. Elle est caractérisée par un larmoiement plus ou moins abondant, accompagné fréquemment par un fort écoulement nasal et des éternuements.
Yeux atteints de conjonctivite allergique



  • la conjonctivite virale : de nombreux virus peuvent provoque ce type de conjonctivite. Certains sont si contagieux qu'ils peuvent entraîner une épidémie de conjonctivites au sein d'une communauté. Ces infections ont la particularité de toucher en même temps d'autres tissus comme le nez, les poumons, les articulations... Ce type de conjonctivite touche généralement les deux yeux, bien que ce soit une infection bénigne.
Oeil atteint de conjonctivite virale



  • la conjonctivite bactérienne : celle-ci a tendance à n'affecter qu'un oeil. Elle peut être provoquée par divers types de bactéries comme les pneumocoques ou des staphylocoques (bactéries responsables d'infections diverses). On observe habituellement un écoulement purulent ainsi qu'un rougissement de l'oeil. La fonction visuelle n'est pas altérée mais il se peut que le malade aie une légère insensibilité à la lumière (photophobie).

Yeux atteints d'une conjonctivite bactérienne

B - L'oignon : une agression naturelle

L'oignon est un végétal appartenant à la famille des bulbes. Très utilisé en cuisine, il possède aussi des propriétés médicinales efficaces. Il est constitué de cellules particulières comportant des composés soufrés et des enzymes dont une importante : l'alliinase. Ces enzymes sont présentes dans les végétaux de type Allium tels l'ail ou l'oignon.
Rappel : une enzyme est un catalyseur, c'est-à-dire qu'elle permet à une réaction chimique de se réaliser mais sans y participer. Après la réaction, elle est toujours intacte.
L'alliinase est composée de quatre chaînes peptidiques, soit quatre chaînes d'acides aminés dont les nombres et les ordres varient d'une protéine à l'autre. Le fonctionnement de la protéine va dépendre de l'ordre des acides animés (séquence).


Lorsqu'on coupe l'oignon, on perce les cellules qui le constituent. L'alliinase réagit alors avec un des composants de l'oignon. Ceci forme un gaz volatil agressif pour nos yeux : le sulfate d'allyle dont la composition est proche de celle des gaz lacrymogènes. Lorsque ce composé rentre en contact avec le liquide qui protège nos yeux. Il se dissout, ce qui entraîne la formation d'acide sulfurique particulièrement corrosif.

Equation de la réaction :
C6H10SO4 (sulfate de diallyle) + 2H2O (eau) ----> 2H+ + SO42- (acide sulfurique)+ 2C3H6O (alcool allylique)

awww onion :')Pour se défendre de l'acide, le cerveau provoque une forte production de larmes et le clignement des yeux : le battement des paupières permet d'étendre le liquide sur toute la surface des yeux : les larmes sont produites abondamment pour laver les yeux. Seulement, le produit lacrymogène, en présence d'eau se transforme en acide sulfurique. C'est un cercle vicieux qui fait que plus on pleure, plus il y a d'acide sulfurique se répand, ce qui engendre à nouveau des larmes.

Voici une vidéo qui explique particulièrement bien ce phénomène : 





Il existe plusieurs solution pour éviter que l'oignon nous fasse trop pleurer. Faire bouillir l'oignon, le laisser quelques minutes au congélateur ou l'éplucher sous l'eau réduit considérablement le risque d'agression des yeux.

Depuis 2002, des chercheurs néo-zélandais et japonais ont conçu un oignon qui ne fait pas pleurer. Ils ont d'abord isolé le gène responsable de la création de l'alliinase, puis l'ont retiré de sorte qu'il ne puisse plus déclencher la fabrication de l'enzyme. Pour se faire, ils ont introduit dans la cellule du bulbe une séquence capable de proscrire le gène. Ils comptent le commercialiser d'ici une petite dizaine d'années.


C - Diverses irritations provoquées par l'environnement

L'oeil est un organe fragile qui est constamment exposé aux dangers de l'extérieur : les virus, les bactéries, le maquillage, la pollution, les produits chimiques... qui sont propices aux apparition d'irritations. Les médicaments également peuvent causer une allergie autour de l'oeil, ainsi qu'un larmoiement.
L'oeil est également sensible à des facteurs plus naturels : le froid, l'air frais, l'eau de mer, la fumée, la poussière, le soleil, l'eau de piscine (chlorée). L'oeil irrité devient alors rouge mais toutes ces irritations se traitent très facilement puisqu'elles sont sans gravité.

Afin d'éviter au maximum les irritations de ce genre, notre système lacrymal est par chance intelligent ! Il est capable de changer la quantité de larmes versées en fonction de l'environnement dans lequel il se trouve. Par exemple, par temps venté, l'oeil se dessèche plus rapidement. La production de larmes augmente alors et est accompagnée de plusieurs battements de paupières pour répandre la sécrétion sur toute la surface de l'oeil. Le même réflexe est enclenché lors de la traversée d'une zone poussiéreuse.


Les gaz lacrymogènes sont également des substances faisant fortement réagir le système lacrymal. Généralement utilisés par les forces de l'ordre, ces agents sont chimiquement programmés pour provoquer une irritation et/ou un larmoiement. Un gaz lacrymogène est cependant utilisé pour sa faible toxicité et son action non létale. Les produits chimiques les plus utilisés sont le le brome qui aboutissent aux substances suivantes : le Dibenzoxazépine (gaz CR), le Chloracétophénone (gaz CN) et le Chlorobenzylidènemalonitrile (gaz CS). 

                                                                                                                                                         Molécule de Dibenzoxazépine         Molécule de Chlorobenzylidènemalonitrile